viernes, 19 de junio de 2015

André du Bouchet, 'Aire'

He visto una puerta arder en plena noche como un sol.

No puedo salir de la habitación hasta que la tierra misma sea lámina de la tierra.

El día propaga las sábanas, la tela blanca encendida. Muro ciego, sordo.
Grava sobre ese fuego mudo, la gran taza de agua del alba.
La hoguera devora el cielo en silencio, sobrevolando. Hay que decir que no se oyen gritos, tampoco voces. Fuera todo está en silencio, en la cabeza, por la tierra y las piedras.
Luz ácida de la primera lámpara.
El hierro rojo. Fuego sin calor, luz glacial, calor sin voz.
Andamos sobre lana pura, en una ola sorda.

Hasta que crepite la tierra, cuando no haya moscas, tampoco calor.



AIR
 
J’ai vu une porte flamber en pleine nuit comme un soleil.

Je ne peux pas sortir de la chambre avant que la terre elle-même soit lame de la terre.

Le jour gagne les draps, l’étoffe blanche allumée.  Mur aveugle, sourd.
Pierraille au-dessus de ce feu muet, la grande tasse d’eau de l’aube.
Le brasier dévore le ciel en silence, comme un planeur.  Il faut dire qu’il n’y a pas de cris, pas de voix.  Tout se tait dehors, dans la tête, par terres et les pierres.
Lumière aigre de la première lampe.
Le soc rouge.  Feu sans chaleur, lumière glacée, chaleur sans voix.
Nous marchons en pleine laine, dans une vague sourde.


Avant que la terre ne grésille, quand elle est sans mouches, sans chaleur.

No hay comentarios:

Publicar un comentario